ÉDITO 2013
Faire un film sans scénario et sans acteur présente des avantages. Inutile de faire vrai et de s'embarrasser d'un schéma narratif sans lequel nous perdrions le fil. Nul besoin de "suspendre l'incrédulité", opération décrite par
Samuel Taylor Coleridge consistant à admettre comme réalité ce qui relève d'un fait imaginaire. Il n'est pas
davantage nécessaire d'employer de grands moyens. On prend sa caméra et on filme. C'est assez simple même si
ce n'est pas un gage de liberté. Ce n'est pas aller à l'encontre de la fiction que de se tourner vers d'autres formes de
représentation mais plutôt de savoir ce que le langage de l'image peut traduire de nos émotions, de nos sensations,
de nos histoires individuelles et collectives. Car c'est bien de cela dont il s'agit : de se représenter, nous, les
hommes. Où comment l'image fait sens.
Pour sa 13ème édition le festival Images Contre Nature, festival international de vidéo expérimentale, présentera 99
films -courts et moyens métrages- en 7 programmes de sélection et 2 cartes blanches. Pour interroger les multiples
formes de l'image et offrir une confrontation esthétique des plus diversifiées, une exposition, des installations, deux
concerts et même de la jonglerie graviteront également autour de cette programmation.
Du 9 au 13 juillet, au Théâtre des Chartreux, les 82 films de la sélection seront mis à l'honneur et répartis dans
les programmes Espace, Identité, Long, Mouvement, Perception, Sens et Temps ainsi définis pour témoigner d'une
réflexion sur le langage de l'image. Une réflexion -chère au festival- qui se prolonge par deux rendez-vous à la
vidéothèque à la carte, où se consultent gratuitement, en grand écran et en présence d'un membre du comité de
sélection les films non retenus. 42 pays sont ainsi représentés en 2013.
Deux cartes blanches encadrent ces 7 programmes. La première, confiée au collectif 360° et même plus, fait
l'ouverture du festival tandis que la deuxième invite le Collectif Négatif à le clôturer. Deux collectifs donc, engagés
et vivifiants, qui nous permettrons de découvrir des films et des partis pris radicalement différents mais lourds de
sens tant esthétiques que sociaux.
Aux projections du festival se greffent d'autres événements : art visuel, musique et spectacle pyro-burlesque.
Actuellement à l'Espaceculture et jusqu'au 24 juin, peut venir se voir et s'écouter Pyrametis B de Daniel Roth, une
installation interrogeant le langage par le biais de la vidéo, du dessin et de la peinture. Une deuxième facette de
son travail Mises en vue, confrontant l'architecture et la mémoire, sera ensuite exposée au Théâtre des Chartreux,
du 9 au 13 juillet.
A partir du 5 juillet et jusqu'au 12 à Art\Positions, Traversée 576, installation de Laurence Rebouillon, invitera
chacun à composer son film sur les rues de Marseille et de Séoul, à l'aide d'un guidon de moto et en suivant les pas
de la compagnie Ex Nihilo.
Précédant l'ouverture, le 9 juillet au Théâtre des Chartreux, le groupe Zaj Quartet aux influences multiples mâtinées
de jazz nous transportera au fil de ses improvisations.
Toujours au Théâtre des Chartreux et en fin de clôture, le samedi 13 juillet, Le cri du feu, spectacle de la compagnie
Equivog, illuminera la dernière nuit du festival avec ses bolas enflammées.
H.B. & M.B.