SOIRÉE D'OUVERTURE 2006
le 27 juin
19h performance COMMENT SE FAIRE DES AMIS de Jean-Christophe Petit
20h30 Augustin Gimel, programme & CUT-U[to]P[ia] (en sa présence)
Lices 12 rue des Lices / 13007 Marseille tél. 04 91 31 29 24
19h performance COMMENT SE FAIRE DES AMIS de Jean-Christophe Petit
avec : Jean-Christophe Petit, Laure Dottori
création lumière et régie lumière: Manon Lauriol
traduction en anglais : Françoise Mancy
Novembre 1991, je suis animateur. Je rencontre un doux allumé, bien sapé, marlboro-café sur les terrasses. L’oeil est séducteur, il porte beau son petit gilet bien cintré. Il vit chez sa mère, pratiquement 35 ans.
Il me parle d'une "affaire" dont il fait partie et que dans environ cinq ans il pourra se permettre de rouler en Porsche. Il me promènera, car à présent je suis son nouvel ami, dans sa Porsche... une sorte de revanche.
J'achète la mallette de "l'affaire" et vend un baril de lessive à ma mère. Je me dis que je suis un mauvais vendeur, trop timide, sans bagout. Mais on me dit de venir aux réunions gratuites, aux séminaires payants, on me dit d'y croire en "l'affaire", mais je ne suis qu'une brebis égarée là dedans ; ça dure un mois pour moi. Je n'ai pas multiplié les ventes, alors on me dit de me bouger, d'être dedans-dedans... pas dedans-dehors, de porter des chemises, et les cheveux… les cheveux c'est pas très vendeur les cheveux. Les cheveux ça fait animateur, alors je retourne faire des colonies.
Mai 2005, je suis comédien. Comment se faire des amis est devenu mon spectacle, un parti pris, une jouissance, un blasphème, une pitrerie de plus. Comment se faire des amis ne passera jamais à la télé, pas assez commercial. Mais merde ! pourtant ça raconte la vie d'un commercial, un selfmademan comme on les aime, un misogyne, un Christ syndicaliste, prêt à politiser son entourage, à coloniser son prochain (amitié à but lucratif). Prêt à forniquer sa Marie de mère. "En vérité je te le dis, ne soit pas farouche, met ce pain dans ta bouche". Jésus Crie, verser trois la larme, pater du cul.
Je remercie P’Silo de m'accueillir avec Comment se faire des amis, cela me permet d"exister artistiquement, de terroriser les cathos-cathos. Comment se faire des amis n'aurait jamais existé sans Karttofeln, le Lam, l’Embobineuse, et la fidélité de Laure Dottori, comédienne qui m'accompagne. A Bernard Palmi. Postem Mortis.
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20h30 Augustin Gimel, programme & CUT-U[to]P[ia] - 105mn
L’OEil lourd du voyage mécanique
3mn, couleur, stéréo, 2003
Paysage rotatif, carte postale en mouvement, le lac Anosy à Antananarivo (Madagascar) considéré comme un espace à entreprendre selon ses propriétés.
Je n’ai pas du tout l’intention de sombrer
4mn 45, couleur, stéréo, 2002
Magma de béton, de verre et de métal d’où émerge une fente claire, faille-frontière entre obscurité et lumière. Lutte du concret et de l'éthéré.
Fig. 4
5mn, couleur, stéréo, 2004
Corps et mouvements recomposés à partir d’images pornographiques prélevées sur Internet. Golem sexuel. L’acte projeté et façonné à une autre image, celle d’un corps composé de mille corps aux possibilités infinies.
Le Postulat d’Euclide
10mn, noir et blanc, stéréo, 2004
Développement spatial et temporel de formes minimales. Figures simples inscrites dans le cadre s’additionnant les unes aux autres pour engendrer des figures complexes. La géométrie comme métaphore. L’image comme territoire.
Extracorpus
9mn30, couleur, stéréo, 2004
De la multitude, donner naissance à un corps neuf. Insuffler vie et mouvement aux peintures. Un corps composé de mille corps. Un corps affranchi de la matérialité et de la pesanteur. Un corps aux possibilités infinies.
5 puissance 5 ASA
2mn, couleur, stéréo, 2001
Fruit d'une collaboration avec Stéphanie Coudert, designer vêtement, cette vidéo propose différentes analogies entre couture et montage : l’écran-matière, la coupe, l’assemblage, les combinatoires…
1305
2mn, couleur, stéréo, 2001
Un film-sténopé comme instrument de mesure de la luminosité. Naissance et croissance de la lumière selon la suite de Fibonacci. Éclipse totale du soleil décomposée en mille feux inconnus.
RADAR
2mn, couleur, stéréo, 2001
Mise en abîme du dispositif de surveillance. Le mouvement panoramique de la caméra dévoile des territoires neutres. La caméra prise comme objet par une autre caméra s’accouple à ces espaces. L'événement ou le non-événement s’offre en spectacle. Les radars veillent et transmettent.
90°
40 s, noir et blanc, stéréo, 1999
Pendant la Renaissance, les colons ont imposé aux Indiens d’Amérique leur urbanisme composé majoritairement d’angles droits. Une perte quasi-totale des repères géographiques, sociaux et politiques des Indiens s’ensuivit. Ce film composé de photogrammes d’angles droits prélevés sur l’actuel territoire américain est une tentative de rappropriation personnelle de l’espace urbain.
Il n’y a rien de plus inutile qu’un organe
9mn, couleur, stéréo, 1999
« Il n’y a rien de plus inutile qu’un organe » écrivait Antonin Artaud en 1947, il donna par la même occasion un nom à une Dématérialisation possible : le Corps sans Organes. La structure en triptyque de ce film reprend celle de La Divine Comédie, le parcours de Dante à travers l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis est respecté dans sa chronologie. Ce chemin est envisagé comme celui de la dématérialisation d’un corps (celui de Dante), le corps humain qu’il possède à l’origine est, par son parcours, démembré, reconstruit, réorganisé en un corps neuf libéré de son organisme et de ses organes. Ce nouveau corps, au contact de Béatrice, et par son ascension, devient pointde circulation de flux et d’intensités de toutes sortes.
N/E/S/W
4mn, couleur, stéréo, 2002
Deux personnes se font face, chacune filme l'autre. Ces deux personnes se déplacent autour de Central Park (New York), chacune sur un trottoir, séparées par la rue. L'une d’elle a Central Park comme décor tandis que l’autre évolue sur les immeubles de bordure. Chaque instant de cette révolution est enregistré de deux points de vue opposés, chacun filme l'autre et en même temps l'espace qui les sépare, la rue, les gens et les voitures qui la parcourent, ses événements. Ce qui unit ces points de vue les sépare, la limite entre territoire intérieur et territoire extérieur se crée.
DIN 16538/39 (Paris)
2mn, couleur, stéréo, 2001
Une démarche anthropologique a été utilisée pour réaliser ce film. Des prélèvements ont d’abord été effectués dans un milieu donné, ils ont ensuite été analysés, puis reclassés selon des critères chromatiques universels (spectre de la lumière). Théoriquement, on obtient un spectre représentatif du milieu dont il provient, la culture de ce milieu jouant un rôle majeur dans la répartition des couleurs.
Genève
6mn, couleur étouffée, stéréo, 2004
Sacrifice rituel et oppression de l’individu par le pouvoir. D’après Rollerball de Norman Jewison.
CUT-U[to]P[ia]
installation multi-écran aux dimensions variables.
Proposition visuelle et sonore à partir d’une multitude de fragments prélevés dans les vidéos d’Augustin Gimel et projetés dans un ordre aléatoire selon le principe du cut-up cher à Burroughs. Plus qu’une recherche de chaos et de déconstruction, il s’agit en fait d’une tentative de recomposition d’un territoire morcelé, parcelles lumineuses dispersées par une filmographie arbitraire.
AUGUSTIN GIMEL
(né en 1974) Augustin Gimel réalise des films, des vidéos et des installations.
Son travail propose une réflexion sur les limites de la perception visuelle et sonore par l'utilisation du plan--photogramme, des combinatoires et du clignotement. Par la contraction ou l’élongation du temps, par des rapprochements de systèmes de représentation antagonistes, le montage révèle la poésie interne des matériaux pris sur le vif. Des entités nouvelles apparaissent le temps d’un battement de cils. Deux thématiques principales occupent sa recherche, d’une part l’environnement urbain et architectural créé par l’homme et d’autre part la représentation du corps.
Trois approches complémentaires lui permettent de les aborder :
- Une démarche de prélèvement d’échantillons visuels et sonores dans un milieu donné. Ces prélèvements sont effectués selon un certain nombre de critères définis en fonction de chaque projet: couleurs, lignes horizontales ou verticales, angles, réseaux, détails de tableaux (mains, visages, drapés…). Ces échantillons sont ensuite classés en fonction de leurs caractéristiques propres (géométrie, orientation, teinte, échelle…) puis réorganisés et déplacés en fonction de la logique structurelle du film de manière à créer d’une part une réappropriation personnelle de ce matériau et d’autre part une poétique inattendue. (Exemples : série DIN 16538/39, Je n’ai pas du tout l’intention de sombrer, Le Postulat d’Euclide…)
- Une approche topographique. À partir d’un lieu créé par l’homme ou de la représentation cartographique de ce lieu, il réfléchit à une façon de l’aborder artistiquement qui découle de ses caractéristiques spatiales. Il peut, par exemple, s’agir d’un cheminement à travers ou autour de ce lieu avec un enregistrement visuel et sonore en différents points de ce parcours. Le montage de ces éléments lui sert ensuite à proposer une vision nouvelle (proche de l’essence même du lieu) par la distorsion (contraction, élongation…) des rapports entre espace et temps. (Exemples : L’OEil lourd duvoyage mécanique, N/E/S/W…)
- Enfin, la confrontation de systèmes de représentation (et plus particulièrement de représentation du corps). Il s’agit ici de mettre en relation des représentations du corps issues d’époques et de géographies différentes, donc de systèmes différents. Cela dans deux buts, d’une part travailler sur
l’histoire et les strates de mémoire de nos civilisations et d’autre part provoquer un choc à la rencontre de deux systèmes, choc possiblement créateur d’un troisième système qui n’existe que dans cet interstice, de même qu’entre deux images d’un film, l’oeil, par la persistance rétinienne, crée une troisième image. (Exemples : Extracorpus, Il n’y a rien de plus inutile qu’un organe…)
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